Eurasie #4 Kosovo, éducation populaire dans un quartier Rom
Bienvenue dans le quartier Roms de Gračanica, Roma Mahala, maisons abandonnées et ordures éparpillées, chèvres se baladant tranquillement sur la route, observées par le gang de chiens qui vous escorte de temps à autre. Un décor tout droit sorti de Chat noir Chat blanc de Kusturica.
Mais au milieu de tout ça se trouve l’Imaginatorium, une école non formelle crée par l’association SCI Gaia Kosovo. L’endroit ressemble plus à un squat qu’à une école, mais la chaleur et la bonne humeur amenées par les enfants changent la donne. Ces mêmes enfants sont âgées de 4 à 16 ans, se connaissent tous au vu de leurs origines et du même quartier dans lequel ils habitent. On essaye de les distraire tout en proposant des activités diverses, qui se doivent être constructives; on va du cours de mathématiques (additions et soustractions, de temps à autre multiplication mais jamais les divisions) aux séances de films, en passant par les activités de jeux de constructions et de peinture.
Voici un exemple de programme que nous avons mis en place, à l’aide du microphone de Théo, d’une Raspberry Pi de Gaia et d’une carte électronique Makey Makey. Théo a découpé des échantillons de certains enregistrements, et nous tentons d’approcher les bases de la programmation via un programme haut niveau Scratch. Quelques photos et enregistrement:
Il est parfois triste de voir que les plus âgés peinent à écrire leur nom, et que les plus jeunes savent compter et calculer plus vite que leurs aînés. J’ai même été surpris de parler anglais avec des jeunes de 10 et 15 ans, et même allemand avec certains. Dans tous les cas, ils débordent tous d’affection, et n’hésite pas à vous en faire part en vous donnant des câlins. Dose d’affection précieuse en ces périodes de fêtes où nous sommes loin de nos familles, de nos amours et nos amis.
En dehors de l’Imaginatorium, nous retrouvons ici l’hospitalité des Balkans. Nous avons été invités dans un monastère de moines orthodoxes de Draganac, qui se font de grosses étreintes fraternelles en guise de salut, et vous préparent de délicieux plats en échange d’un peu d’aide pour la mise en table et la vaisselle. Nous travaillons aussi dans a campagne à l’est du Kosovo, dans un village dépourvu de route goudronnées, Boževce, où nous avons eu la chance d’être invité par les voisins septuagénaires plusieurs fois afin de boire la Rakija accompagnée d’un bon café. La seconde fois, nous étions invités pour la Slava du grand-père, fête orthodoxe où l’on festoie trois jours durant. La partie marrante de la soirée fût quand Théo expliqua que son nom était serbe, et à partir de cette minute les invités ont joyeusement commencé à le saouler via de grands cul-sec de vin rouge.
Finalement, nous avons effectué de travaux divers, scolaires d’une part, et manuels d’autre part (nettoyage de l’école et construction d’une barrière, construction de toilettes sèches, creusement de tranchées, peinture, plâtre…). Nous remercions grandement l’équipe de l’association, autant les coordinateurs Héléna et Slobodan, que les autres volontaires présents, Carine, Jean et Léa. Le Kosovo semble dépourvu de charmes aux premiers abords, par son passé et ses airs de chantier et décharges a ciel ouvert, mais il nous offre son hospitalité et des paysages montagneux aux sommets couverts de neiges.