Eurasie #2 Kuterevo, pays des ours

Voilà maintenant plus de vingt jours que nous sommes arrivés au refuge pour ours de Kuterevo, en Croatie. La journée typique d’un volontaire commence à 9 heures, après avoir bien déjeuné et rallumé les feux de la maison. En premier lieu, il faut nourrir les animaux, à savoir les jeunes ours, les canards, les poneys, les grands ours et les saloperies d’oies. Il est aussi du devoir du volontaire d’accueillir et de guider tous les visiteurs du refuge, quelle qu’en soit l’heure.

Une fois cette tâche accomplie, le reste de la matinée dépend de l’humeur du responsable du refuge, Ivan. Il est à savoir que le septuagénaire en question semble avoir un long vécu, et à ainsi rencontré plus de 3000 volontaires depuis la création du refuge, en 2003. Il parle croate, allemand et il est fort probable qu’il parle et comprenne l’anglais, bien qu’il refuse de le parler pour une raison encore inconnue. Ivan est un personnage bougon, parfois marrant, changeant rarement ses habits et la légende prétend que sa maison ne soit dotée ni de douche ni de baignoire. 

Les jours ou Ivan parait content, il nous demande de lasurer des meubles ou bien d’appliquer des couches de vernis sur des poutrelles, comme il peut nous demander de planter des arbres pour créer des espaces de détente destinés aux visiteurs et touristes. Concernant les jours ou Ivan est mécontent, nous devons déplacer des tonnes de maïs d’un bout à l’autre du village, transporter des bouts de bois au travers du refuge, trier des petits bâtons en fonction de leurs tailles sans nous dire pourquoi,  ou encore jeter d’immenses souches dans l’enclos des ours pour qu’ils se fassent les griffes. Beaucoup d’autres tâches ont été effectuées sans que l’on en comprenne forcément l’utilité.

Hormis les étranges travaux manuels menées par les volontaires le long de la journée, nous devons parler de l’esprit des habitants du village, qui ne manquent pas de nous inviter boire la Rakija (eau-de-vie locale), accompagnée parfois de petits gateaux ou de côtes de porc, aussi bien à 10 heures du matin qu’à 17 heures. Les locaux présentent une hospitalité et une générosité comme on n’en voit plus chez nous. Malgré la barrière de la langue, la Rakija nous permet de plaisanter avec les villageois. Il faut néanmoins garder l’oeil ouvert afin de vérifier qu’Ivan ne se trouve pas dans les parages, car ils nous interdis d’accepter plus d’un verre de Rakija par maison et surtout de boire avant 19 heures, mais il est difficile de n’en boire qu’un par famille au vu de la persistance de ces derniers. C’est ainsi que nous nous retrouvons parfois en soirée avec les jeunes du village, âgés de 16 à 23 ans, à partager les cocktails locaux (vin rouge et cola ou bien vin blanc et limonade) et quelques blagues grivoises, le tout accompagné de musiques et chants locaux.

Tout volontaire doit alors présenter un savoir vivre en communauté, puisque la répartition des tâches et corvées est essentielle à la bonne humeur de tous. De ce fait, nous avons rencontrés de formidables gens, à savoir Audrey, Julia, Mélanie, Logan et Lucas et partagé une partie de notre voyage avec eux.

Finalement, si vous aimez la gnôle matinale, les animaux, la culture locale, que vous êtes ouvert d’esprits, patients et que vous savez garder votre sang-froid face à Ivan et ses Pavenka Vibra (des vibrations mystérieuses qu’il vous transmet en vous frappant l’épaule brusquement et brutalement), vous vous plairez au refuge de Kuterevo.